About this blog | | De passage en Alsace il y a plusieurs années... et attiré que j'étais par les vins blancs acides et de garde, j'ai été littéralement envouté par la région et ses vins au point d'en devenir monomaniaque ! |
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| publié le jeudi 22 janvier 2009 | 15 comment(s) |
Verticale de Cornas du domaine Balthazar 1995-2006
Généralités
L’AOC Cornas a été créée en 1938 et tient sur une seule commune de 550 ha dont 110 en production avec un rendement moyen de 34hl/ha. Elle est située en Côtes du Rhône Nord sous Hermitage sur la rive droite du Rhône dans le département de l’Ardèche. Les premières traces de vignes datent de l’époque romaine et la syrah y règne actuellement en maître. Plus anecdotique (du moins, on l’espère), un projet autoroutier de contournement ouest de Lyon prévoit de traverser la commune.
Le terroir
Il s’agit d’un vignoble de coteaux en terrasses situé dans un amphithéâtre ouvert vers le sud sud-est à une altitude allant de 150-400 mètres. Cet amphithéâtre est protégé des vents du nord par le massif des Arlettes, ce qui lui confère un microclimat aux T° élevées. (Cornas = terre brûlée en celtique). Cette protection et son orientation font que cette Appellation a une maturité précoce. Elle est la première à âtre vendangée en rouge dans les Côtes du Rhône septentrionales. La composition des sols varie selon l’emplacement avec une dominance de granit :
· Granitique et argilo-calcaire dans le nord (vins « trapus »)
· Granitique au centre de l’appellation (vins racés)
· Granitique et sablonneux dans le sud de l’appellation (vins plus souples)
La taille est Guyot avec un long bois portant à 8 yeux francs maximum et 1 ou 2 coursons à deux yeux francs et taille gobelet.
Caractéristiques des vins
Les vins ont une robe foncée très dense et profonde. Le nez est souvent fermé dans sa jeunesse, mais évolue ensuite vers le cassis, ainsi que la framboise, la mûre, des notes truffées et fumées. Les vins sont massifs, puissants, charpentés, aux tannins serrés, sévères dans leur prime jeunesse mais qui gagnent en élégance en vieillissant. La vinification se fait par une longue cuvaison et un vieillissement de 2 ans en fûts.
Le domaine Balthazar
Le domaine Balthazar s’étend sur 2 hectares avec des vignes jusqu’à 90 ans d’âge. Il a été dirigé jusqu’en 2003 par René Balthazar, patriarche vinificateur des plus traditionnels sur Cornas. Le chai est très petit et il était cocasse d’y être reçu par Monsieur René qui arborait chemise-cravate même par les plus grandes canicules. A partir de 2003, Frank, le neveu de René a pris en main les destinées du domaine pour lequel il garde actuellement la même ligne directrice que son oncle. Seul le nom de l’étiquette a été modifié depuis 2004 ; il est passé de Cornas à Cornas « Chaillot ». La production est d’environ 10.000 bouteilles avec un élevage en futs (non neufs) de 18 à 24 mois.
Le domaine apparait rarement dans les guides (est-ce une volonté de la maison ou la faible production) mais fait l’objet de beaucoup d’intérêt, entres autres du côté des Belges, où il est très bien distribué. Cet intérêt du public d’Outre-quiévrain serait dû à la ténacité de Pierre Ghysen (ex Vins du Rhône) d’avoir fureté le Rhône avec passion pour en ramener de petits bijoux, souvent avec des productions discrètes.
Les millésimes dégustés
2006 |
Très grand millésime, classique, de très belle maturité, puissance, concentration et longue garde |
2005 |
Très bon millésime assez tannique avec une belle garde potentielle |
2004 |
Bon millésime assez facile de garde moyenne |
2003 |
Millésime bon à très bon avec pas mal de richesse mais à surveiller pour la garde vu certaines hétérogénéités. |
2002 |
Millésime très difficile avec des vins secs sans grande structure – à boire |
2001 |
Grand à très grand millésime, bonne maturité du raisin, vendanges saines, vins élégants et beau potentiel de garde |
2000 |
Millésime moyen : retard de maturité, hétérogénéité de la récolte |
1999 |
Très grand millésime : très belle maturité, puissance et concentration |
1998 |
Millésime moyen : chaleur et risque de surmaturité, évolution incertaine |
1997 |
Beau millésime : acidité basse, souplesse, élégance, à boire jeunes |
1996 |
Millésime difficile : acidité élevée, rusticité et austérité mais potentiel de garde |
1995 |
Millésime moyen : acidité élevée, sévérité |
La dégustation
Comme le montrait le tableau plus haut, nous dégusterons les millésimes de 1995 à 2006 soit 12 bouteilles. Les vins seront ouverts à température de cave (11°C) deux heures avant la dégustation puis carafés et maintenus au environ de 12-13°C pour la dégustation.
Les millésimes seront servis des moins bons millésimes aux meilleurs, soit :
2002 – 1996 – 2000 – 1998 – 1995 – 1997 – 2003 – 2004 – 2005 – 2006 – 2001 – 1999.
Les résultat, pour plus de clarté, sont donnés dans l’ordre croissant des millésimes.
1995
La robe est rouge assez foncée avec des reflets violacés mais aussi des traces d’évolution. Le nez est assez mur, fumé avec des notes empyreumatiques et pas mal de minéralité. Une fine pointe de piquant pourrait faire penser à une légère présence de volatile. La bouche présente tout d’abord une acidité marquée sans être dérangeante, une belle matière mais avec une certaine austérité et un fruit peu présent. La présence d’alcool et le côté asséchant de la finale amène à pas mal de controverses. Même si le vin présente encore une belle longueur, beaucoup pensent qu’il est un peu tard pour ce vin. Note moyenne : 13,3/20
1996
Comme pour le 95, la robe est encore rouge assez soutenu avec des notes violacées et tuilées. Au nez le vin est tout d’abord assez discret puis s’ouvre sur des notes de fruits rouges, noirs, des épices et du tabac. (un dégustateur note une impression de levures). En bouche, l’attaque est assez discrète avec une acidité moyenne, le fruit est très discret et on est plus sur des aromes évolués comme le cuir. Si l’ensemble est assez soyeux, l’équilibre est fort dissocié avec de l’alcool un peu trop présent et une finale assez sèche. Globalement ce vin reste assez étonnant de fraicheur pour le millésime mais sa dissociation ne plaît pas au groupe. Note moyenne : 12,8/20
1997
La robe de ce vin est plus homogène sur le rouge foncé avec très peu de notes tuilées. Au service du vin, le premier nez est fermé mais très rapidement il devient très expressif avec de belle notes de fruits (rouges et noirs), des épices et des notes empyreumatiques (tabac, café…). Une petite pointe d’alcool est signalée. La bouche est d’emblée très soyeuse, avec une belle acidité qui accompagne un équilibre splendide entre les tanins fins et beaucoup de fruit. Le vin est sapide et une petite pointe d’alcool n’altère pas une très belle longueur tout en finesse. Un très beau vin. Note moyenne : 16,3/20
1998
Le vin se présente à la vue comme le 97, sans évolution marquée. Le nez est très exubérant sur des notes de fruits rouges et noirs très compotés avec de l’alcool assez présent. On note assez peu d’aromes empyreumatiques par rapport aux autres millésimes. La bouche est assez concentrée avec une acidité moyenne, un beau fruit mais la chaleur de l’alcool est trop présente et le tout parait déstructuré. La finale est assez longue avec des tanins soyeux. Ce vin a été très controversé, certains lui mettant 12/20, d’autres 16/20, selon qu’ils appréciaient ou non le côté chaud du vin. Note moyenne (pas objective) : 13,8/20
1999
La robe est rouge foncé assez évoluée. Au nez, le vin est d’une grande intensité, très enrobé, plein de fruits, mais aussi avec des notes de cuir et de grillé.
En bouche, une acidité d’une grande finesse annonce un splendide équilibre avec beaucoup de fruit et de belles notes épicées. Une pointe d’alcool, pas dérangeante ne perturbe pas une très belle finale, bien longue, très légèrement asséchante. Note moyenne : 16,4/20
2000
On a affaire ici à un vin bien limpide (pus que les autres), rouge violacé assez foncé. Le nez est d’une grande opulence, très plaisant avec une très belle suite d’armes fruités, épicés et animaux, sans jamais être bestiaux !
Une acidité bien présente est suivie rapidement par un bel équilibre, marqué par le fruit, les épices et le boisé (bien qu’il n’y ait pas d’utilisation de futs neufs). Très belle longueur aussi pour un 2000 bien plus flatteur que nos attentes. Note moyenne : 15,1/20
2001
On est d’emblée sur un très beau vin rouge violacé foncé très dense avec un nez splendide où se côtoient fruits rouges, noirs et des notes animales de cuir ainsi
Qu’un peu de boisé assez noble. La bouche commence par beaucoup de fraicheur (persistante d’ailleurs) et propose ensuite beaucoup de matière, tout en rondeur et en plaisir, le tout emballant un équilibre somptueux. Le vin s’avère aussi très long sans aucun aspect assèchant ; c’est nettement la « grande » bouteille de la soirée.
Note moyenne : 18,3/20 (à noter que seules deux cotes ont été données par les 12 convives : 18 et 18,5/20, ce qui dit tout !)
2002
Retour à plus d’austérité avec ce 2002 qui se présente avec une belle robe dense et sombre encore assez peu évoluée. Le nez offre lui aussi de beaux aromes à la fois de fruits rouges, noirs, de cannelle mais aussi plus évolués comme le sous-bois et un peu de torréfaction. Des notes poivrées ont aussi été citées. En bouche, le vin présente tout d’abord une belle acidité, suivi d’un équilibre convaincant et soyeux mais le tout s’effondre assez vite sur une finale courte et sèche. Le millésime ne semble décidément pas pardonner. Note moyenne : 12,9/20
2003
Ce premier vin (co)signé par Frank Balthazar se présente avec une robe très dense, foncée avec des reflets violacés. Au nez on est sur quelque chose de très intense avec des aromes de fruits rouges, violette, des épices, des notes animales et une impression légère de sucre. La bouche, bien que très concentrée et assez bien équilibrée (belle acidité pour 2003), déçoit un peu par ses notes d’alcool et sa finale très asséchante (j’ai du aller chercher de l’eau d’urgence…)
Globalement, et probablement dû à sa concentration, ce vin a donné des avis très divergents. (il ya des gosiers qui savent affronter le Ténéré comme une ballade) Note moyenne : 14,1/20
2004
Une robe très dense et sombre annonce un vin encore jeune. Le nez est quant à lui assez fermé mais à l’aération se dégagent des notes d’épices, puis de fruits noirs un peu vanillés ainsi qu’un peu de garrigue qui font plus penser à un languedocien. En bouche on a un bel équilibre avec de la matière, du soyeux mais en finale le fin se comporte assez de manière carrée, trop structurée et les tannins assez asséchants empêchent au groupe de donner une cote très élevée à laquelle on aurait pu s’attendre mais cela reste un assez beau vin. Vieillira-t-il bien ? Difficile à dire. Note moyenne : 15,1/20
2005
On a à nouveau une robe très dense rouge violacé intense. Au nez, le vin se comporte de manière assez fermée et il faut aller « chercher » les aromes de fruits rouges, noirs, avec un peu de résine et de cacao.
La bouche est très concentrée, voire dissociée et tout se présente un peu à la « Huk » : acidité, fruits, tanins. Il est clair qu’on est sur un vin trop jeune pour être apprécié mais tous s’accordent pour lui promettre un bel avenir à condition que les tanins n’écrasent pas tout. Note moyenne : 16,2/20
2006
Last but not least as they say over the Channel, ce 2006 offre, pour ne rien changer dans les habitudes de la soirée, une robe très dense et sombre. Le nez est, comme pour le 2005, assez languedocien, plus velouté, toutefois, avec des notes de fruits noirs (cerise) de fruits rouges et de garrigue. En bouche, ce vin propose plus de fraicheur que le 2005, avec une belle acidité et un équilibre intéressant, amis on est à nouveau sur une matière très (trop ?) concentrée avec un fruit énorme. La finale marquée par la finesse des tanins séduit le groupe. C’est un très beau vin, surtout s’il s’assouplit dans l’avenir Note moyenne : 16,8/20
Conclusions
Huit dégustateurs ont été agréablement surpris par ce vin alors que trois l’ont trouvé fidèle à ses promesses car ces derniers le connaissaient bien. De cette passionnante dégustation se dégagent quelques enseignements :
- On retrouve une trame commune très vite reconnaissable après deux à trois vins avec ce mélange de fruits rouges, noirs et les notes animales, ce qui confirme qu’on reste sur un terroir unique.
- A l’exception de deux vins les commentaires et les notes ont été étonnamment très unanimes, preuve d’un grand consensus.
- L’idée de proposer les vins dans l’ordre de la cote du millésime a été largement approuvée par le groupe après la dégustation ; tout en admettant que 2004, 2005 et 2006 ont un peu écrasé la finesse du 2001 et du 1999. Le plus souvent, les vins se sont accordés au millésime
- Il y a une continuité des vins en fonction du viticulteur :
- les vins de René Balthazar (95-2002) présentent tous un caractère très soyeux, tout en finesse, avec beaucoup de pureté, mais où l’élégance est quelquefois perturbée par le côté un peu asséchant des tanins.
- Avec Frank, son neveu (2003 - …), il y a un net changement de cap vers la puissance, la concentration quelquefois au détriment de la finesse. Les tannins sont plus mordants à l’attaque mais plus fondus en finale. Avec le 2006 (et déjà un peu le 2005), l’espoir d’un retour sur plus de fraicheur revient toutefois.
Pour transcender encore la soirée, pendant que les estomacs à vide trouvaient pitance à la hauteur de leur demande, nous avons dégusté deux grands vins des millésimes qui nous avaient séduits: la Châteauneuf du Pape Château de Beaucastel rouge 1997 et le Côtes du Roussillon Villages du Domaine Gauby cuvée « Muntada » 2001. Ces deux vins étaient à leur sommet absolu, énormes de concentration, de pureté et de finesse, principalement la Muntada 2001 qui dans une dégustation notée aurait reçu plusieurs 20/20. Comme quoi, on sait vivre au pays des belges…. Cette dégustation marquait le grand retour de dégustations thématiques à la maison après quelques années d’interruption. J’ai été vraiment très heureux de partager ce moment avec mes amis du fantastique groupe de dégustation n°1 du Club du « Vin Passion » à Bruxelles. Leur sympathie, leur énergie et leur humour perpétuel valent tous les trésors du monde !
Sources de l'intro
Site web du caviste « Le Vin Passion » | permalink |
| publié le jeudi 15 janvier 2009 | 4 comment(s) | Grande soirée au Vin Passion à Bruxelles sur la thématique des Côtes du Rhône Nord 94 et 99 où se cotoyent 3 producteurs sur chacun une appellation : Jaboulet pour l'Hermitage la Chapelle Clape pour Cornas Jamet pour Côte Rotie
L'intérêt de la dégustation est de comparer une année assez moyenne comme 94 avec un grand millésime comme 99, tout comme comparer sur le même millésime trois appelations différentes, forcément. Les vins ont été décantés 1 heure avant le service et sont servis à l'avaugle par série de trois l'un après l'autre. Les producteurs ne sont dévoilés qu'après que chaque série..
Côte Rôtie Jamet 1994
Robe évoluée tuilée Nez : Un côté grillé intense et du fumé, tabac et un peu de boisé. Nez complexe et très beau. Bouche : Une acidité bien marquée quoique tout en finesse à l'attaque suivi d'un très bel équilibre, long, digeste, fin et épicé. Très bien. 17/20
Cornas Clape 1994
Robe cerise trouble Nez : Du sang en dominance ! Un vin de "vampire", animal, mais aussi avec des fruits noirs et un peu de boisé Bouche : Le côté ferreux, sanguin ést très présent en bouche, l'acidité un peu trop droite et la finale était diluée. Bien sans plus : 14/20
Hermitage Jaboulet 1994
Robe évoluée tuilée Nez :f un cortèges d'aromes tout en complexité et en évolution : fruits noirs, mûre, cassis, cacao, boisé, réglisse, violette, épices, menthol. Waow ! Bouche : Beaucoup de matière en bouche et un très bel équilibre, complexe, long, puissant avec de beaux fruits noirs. C'est un splendide vin avec des tanins d'une grande finesse et de beaux épices en finale. Très bien : 17,5/20
Hermitage Jaboulet 1999
Robe rouge cerise Nez : assez fermé au départ puis vient le côté animal, bois, toast, viandeux, sanguin, minéral, complexe. Bouche : Une attaque franche mais assez austère accompagnent un splendide équilibr.La matière est soyeuse, ample et structurée . Un grand vin mais avec plus d'austérité et de retenue que le 94. La matière est là, énorme et ne demande qu'à s'exprimer. Grande garde encore à prévoir. Très, très bien : 17,5/20
Côte Rôtie Jamet 1999
Robe rouge cerise Grand nez complexe violette, toasté, grillé, un peu fumé et un Equilibre en bouche avec un grand E. Petite astringence en finale qui empêche le 19 ou le 20. Enorme persistance aromatique Exceptionnel : 18/20
Cornas Clape 1999
Robe rouge cerise Un beau nez de fruits noirs compotés, du grillé qui accompagne des notes d'épices et de sureau. Un peu d'alcool toutefois. La bouche est ferreuse (sanguine) mais très noble avec des fruits noirs compotés et un bel équilibre assez soyeux avec un peu d'amertume toutefois mais globalement c'est un grand vin ! Très bien 16,5/20
Conclusion
Une fantastique dégustation pleine d'enseignements. Le premier étant que 94 n'est pas fini, loin de là. Certes, il y a moins de matière que sur les 99, certes, les vins sont plus dilués et l'acidité ainsi que le côté ferreux un peu plus marqué mais quel équilibre et quelle finesse. Quant à 99, c'est grand, tout simplement mais il faut encore attendre à mon avis. (ce n'était pas l'avis général toutefois, beaucoup estimaient que les 99 étaient prêts.
Merci "Monsieur John Villmer" du Vin Passion à Bruxelles pour cette grande soirée !
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| publié le jeudi 15 janvier 2009 | 5 comment(s) |
Pour commencer cette année avec le Club INAO de Bruxelles, j’ai proposé de faire (re)découvrir le domaine Josmeyer, en procédant un peu comme s’il s’agissait d’une visite sur place ou une grande partie de la gamme est proposée à la dégustation, en espèrant reproduire l’excellente impression que j’avais eu sur place. Un petit rappel sur le domaine, les terroirs et les vins avant d’attaquer le CR s’impose
Fondé en 1854 par Aloyse Meyer, le Domaine Josmeyer est dirigé actuellement Jean Meyer petit-fils du fondateur. Jean Meyer et ses filles exploite un vignoble d’une superficie de 25 hectares autour de Wintzenheim près de Colmar, applique la charte de la culture raisonnée (Tyflo) et traitent la vigne dans un respect biologique sous l’influence marquante de Christophe Ehrahrt, son beau-fils. En dehors de sa passion pour les vins, Jean Meyer est passionné par l’alchimie des vins et des mets, ainsi que dans le domaine de l’art, qu’il relaye sur ses étiquettes. Partager ne fut-ce qu’une heure avec ce grand Monsieur à deviser de ces choses est un plaisir inoubliable. La particularité du domaine est de proposer une gamme très large de vins avec les Grands Crus Hengst et Brand en chef de file, mais où tous les vins même d’entrée de gamme s’avèrent passionnants, à l’image de du Riesling Les Pierrets.
Les terroirs
Herrenweg - Lieu-dit
Il s'agit d'un terroir alluvial du cône de déjection de la Fecht situé sur les bans de Wintzenheim et de Turckheim. Les alluvions sableuses sont riches en argiles (22%) et dépourvues de calcaire. Ces sols alluviaux-siliceux affleurent la vigne et sont localement recouverts de dépôts ou de limon lœssique.
Warstein - Lieu-dit
Terroir à granite porphyroïde situé au Sud Ouest de Wintzenheim. Exposé à l'est, il s'agit du seul secteur viticole où affleure le socle des Vosges cristallines moyennes. Partie intégrante du socle précambien de l'Europe moyenne, il est constitué de granite porphyroïde à biotite et de grands cristaux de feldspath.
Rotenberg – Lieu-dit
Le Rotenberg est situé sur le versant Nord du Grand Cru HENGST. Son sol est constitué du même substrat de calcaire oligocène et marnes tertiaires. Sa forte concentration en fer oxydé, lui donne une couleur rouge brique, à l'origine de son nom qui signifie « colline rouge ».
Hengst - Grand Cru
Ce coteau culmine à 360m et se situe sur des terrains jurassiques et oligocènes, qui forment la meilleure partie du vignoble. Essentiellement constitué de conglomérats calcaires oligocènes (14% de calcaire actif) et de marines interstratifiées de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Ces formations conglomératiques sont puissantes et laissent s'intercaler des marnes rouges, brunes, vertes ou beiges. Tous les intermédiaires existent entre les éléments grossiers et les sédiments fins. Le pH du sol est de l'ordre de 7,8 à 8,3. La roche mère est de couleur jaune orangée. Ce Grand Cru représente une surface délimitée de 53,02 Ha de vignes.
Brand - Grand Cru
Relativement abrité et exposé sud, ce terroir situé sur le ban de Turckheim est siliceux. En contrebas le Schneckelsbourg contient du calcaire (pH 8,4) et est plus riche en matières organiques. Terroir granitique à deux micas qui culmine à 343m. Le terroir siliceux, d'acidité moyenne (ph 5,8), riche en phosphate et pauvre en potasse et magnésium, est moyennement fertile. Dans une petite dépression à l'ouest Steinglitz se situent des sols colluviaux sablo-limoneux plus profonds que sur les flancs. En contrebas le Schneckelsbourg contient du calcaire (pH 8,4) et est plus riche en matières organiques.
Les vins
Le but de la dégustation est de faire un large tour d’horizon des vins que propose le domaine à l’exception des vins d’entrée de gamme Les vins proposés en dégustation se déclinent selon 3 axes :
• La Série Artistes • La Sélection Prestige • Les Grands Crus
La Série « Artistes »
Le Riesling « Kottabe » Le Pinot Gris « Fromenteau » Le Gewürztraminer « Les Folastries »
Ces vins se situent entre la gamme d’entrée et la sélection « Prestige ». Souvent faits pour être bu sur le fruit, ils se présentent à travers le regard d'un artiste. Jeune et impulsif, il vous emporte dans sa poésie, et vous invite à partager son intimité. D'une façon subtile le vin se transforme en œuvre d'art: peinture, sculpture ou musique. Chacun de ces vins provient du Herrenweg du Turckheim.
La Sélection Prestige
Le Pinot Blanc « Les Lutins » Le Riesling « Les Pierrets » Le Pinot Gris « 1854 Fondation » Le Gewürztraminer « Les Archenets »
Les vins de cette gamme sont de parcelles sélectionnées composés de jeunes ou vielles vignes selon. Le Riesling Les Pierrets, le Gewürztraminer « Les Archenets » et le Pinot Gris Fondation proviennent d'une sélection de parcelles sur des sols calcaires de Wettolsheim et du Herrenweg de Wintzenheim. Ce sont des Vieilles Vignes. Les parcelles pour le riesling ont un caractère graveleux.. Pour le Pinot Blanc Les Lutins, cela dépend du millésime. Avant 2007, c'était également une sélection de parcelles. Pour le 2007, il s'agit de jeunes vignes sur le Rotenberg.
Grands Crus
Cette gamme parle d’elle-même. Elle est concentrée sur les Grands Cru Hengst et Brand. (voir plus haut)
La Dégustation
Les vins ont été carafés au moins une heure avant la dégustation et conservés au frais au environs de 8-9 °C. Ils n'ont pas été servis à l'aveugle.
Pinot Blanc Les Lutins 2007 (13,3 euros)
Le vin est jaune paille clair avec un nez bien ouvert à la fois avec des nuances fruitées (poire, coing) et de belles notes florales (thé, fleurs blanches). En bouche, le vin est plaisant, assez aromatique avec une légère impression de sucre résiduel et un peu d’alcool en finale qui s’avère assez longue sur le fruit. Globalement, on a affaire ici à un beau pinot blanc à boire plutôt qu’à attendre, et bien que discuté, qui a reçu pas mal de faveurs du groupe. (13,4/20)
Riesling Le Kottabé 2007 (12,50 euros)
Le vin est à nouveau jaune paille très clair avec un nez d’abord assez fermé qui s’ouvre ensuite sur des notes de pèche et de poire, un peu de floral (menthe, thé) et une pointe de douceur qui marque la jeunesse du vin. En bouche, le vin est relativement équilibré, avec une acidité assez moyenne, un peu d’alcool et d’amertume en finale. Certains dégustateurs lui reprochent un manque de volume, d’autres le trouve agréable pour un vin qui se veut de fruit. (13,3/20)
Riesling Le Kottabé 2006 (15,60 euros)
Le vin est jaune paille avec des notes dorées. Bien qu’assez fermé, le vin développe des aromes de fruits (citron, amande) ainsi que des notes de cire, puis évolue sur plus de minéralité. L’attaque est assez citrique, mais le vin s’avère bien équilibré en bouche avec une belle finale sur le fruit sans amertume. C’est un vin agréable qui ne semble pas devoir encore être attendu. (13,6/20)
Riesling Les Pierrets 2004 (18,80 euros)
La robe est jaune-vert doré avec un nez plus complexe que ses prédécesseurs avec des notes de cire, florales (lilas), de thé et un peu de craie ; à l’oxydation la minéralité domine. En bouche l’acidité assez fraiche, plutôt serrée soutient un bel équilibre. La finale est assez fine, sur le fruit, mais pour certains dégustateurs, ce vin fait un peu preuve d’austérité. Il semble toutefois à boire. (14,7)
Riesling Les Pierrets 2003 (18,30 euros)
Le vin se présente avec une robe plus dorée que ses prédécesseurs. Son nez paraît très fermé, voire passé. A l’agitation les agrumes jaunes et l’alcool montrent du nez mais cela reste difficile de trouver une trame définie là-dedans. Malgré une acidité agréable, le vin est déséquilibré sur l’alcool et asséchant en finale après avoir montré une pointe de sucrosité. Globalement, le vin reste assez discret. Ce commentaire est celui qui émane de la majorité du groupe. Quelques dégustateurs, lui ont trouvé, au contraire, énormément de finesse, tant au nez qu’en bouche avec une très belle finale, ce qui fait qu’il faut conclure à une certaine controverse avec ce 2003. (13,1)
Riesling Les Pierrets 2002 (23 euros)
Le vin est jaune doré, d’embleé avec un nez plus évolué que ses prédécesseurs avec beaucoup de minéralité et des notes de camphre, de cire et de thé. La bouche est équilibrée avec une attaque assez citrique sans être trop acide. Le vin serait très beau s’il ne manquait un peu d’ampleur et s’il n’était pas marqué par une finale un peu diluée, mais, en général, il emporte un avis très positif dans le groupe. (14,5/20)
Riesling Les Pierrets 2001 (18 euros)
La robe est dorée assez pâle et le nez s’avère d’emblée plus intense, évolué avec des notes de caramel et globalement beaucoup de complexité. En bouche, l’acidité est très fine sur un très bel équilibre avec une dominance de fruit, un peu de lacté, une larme d’alcool et, à nouveau, ce côté caramel qui fait penser qu’une partie a peut-être fait une malo, ce qui tempère les faveurs du groupe. Globalement, ce vin n’est pas marqué par son millésime (acidité fine) et semble à nouveau devoir être consommé assez rapidement. (13,2/20)
Riesling GC Hengst 2005 (33 euros)
Le vin est jaune paille et le nez paraît très fermé à beaucoup d’entre nous. Il est peut-être servi un peu trop frais. Au réchauffement, on trouve des notes minérales (silex, camphre), florales (thé) et des fruits exotiques. La bouche est tout en finesse, avec beaucoup de retenue et une belle acidité loin d’être dominante. Certains opposent un manque de complexité à la finesse, mais tous les éléments semblent présents pour faire un grand vin, l’austérité du Hengst demandant probablement un peu de patience. (15,3/20)
Riesling GC Hengst 2004 (33 euros)
La robe est semblable au 2005 en tous points. Le nez est à nouveau assez sérieux, austère, avec des fruits blancs et un peu de terre qui transparaissent. Il est clairement prometteur mais encore très en devenir (ce qui n’est pas très conventionnel pour un 2004) La bouche est construite sur la minéralité, avec un très bel équilibre. Bien que marquée par une certaine austérité (à nouveau), la longueur est parfaite et finalement, c’est ce vin qui rencontrera le plus de faveurs du groupe qui le trouvent très prometteur. (15,9/20)
Pinot Gris Fromenteau 2006 (13,90 euros)
Passage aux pinots gris et retour à un vin de fruit, plus simple qui fait craindre au groupe un effet de séquence. Et effectivement, c’set une robe très claire qui enrobe un vin au nez très désuet aux aromes floraux et de fruits blancs. La bouche, bien qu’équilibrée parît soit fermée, soit diluée, un peu suave avec une amertume pratiquement inexistante (ce qui est assez positif). Dur, dur de juger tout cela objectivement, mais on souhaite ici un tremplin pour la suite… (13/20)
Pinot Gris 1854 Fondation 2002 (22,50 euros)
La robe est or-vert et le nez assez complexe sur des notes forales, d’agrumes et un peu minérales. En bouche, il y a un bel équilibre entre l’acidité et le fruit avec une minéralité à nouveau bien présente, mais le vin pèche un peu par son sucre résiduel et son amertume plus prononcée en finale. Si le vin est plaisant, son prix fait un peu réfléchir pour la matière proposée. (14/20)
Pinot Gris GC Hengst 2002 (27,90 euros)
D’une belle robe jaune clair brillante ce vin propose un nez un peu fermé mais très plaisant, légèrement mûr avec de belles notes fruitées de pèche et d’abricot. La bouche est bien construite avec une belle minéralité plus dense que ses cousins rieslings. Un peu d’alcool en finale modère l’unanimité du groupe, mais pour les 5 euros de différence avec le précédent, faites le saut !(15/20)
Gewürztraminer Les Folastries 2005 (18,50 euros)
Le vin est jaune doré assez soutenu. Le nez est exubérant avec beaucoup d’épices et globalement assez variétal avec quelques notes d’orange et d’abricot. En bouche, l’alcool-glycerol et les aromes variétaux dominent, créant un déséquilibre qui fait de ce vin un gewürztraminer sans trop d’intérêt et qui ne cadre pas avec la réputation du domaine. Et le prix… aie ! (12/20)
Gewürztraminer Les Archenets 2000 (20,80 euros)
La robe est très évoluée at le nez pour le moins surprenant avec des notes végétales sans beaucoup de noblesse. La bouche confirme le drame avec de l’alcool, de l’amertume et du clou de girofle. L’acidité est absente. Ou bien ce vin est mort naturellement, ou bien et c’est plus probable il s’est pris au transport un beau coup de chaud qui l’a transformé en vermouth sans grâce. Espérons vraiment que c’est un accident. (10/20 par politesse)
Gewürztraminer GC Hengst 2002 (33 euros)
Le dernier vin allait-il redorer la face du gewürztraminer alsacien ? Oui, que diable ! Avec une robe jaune ambrée, le vin propose un nez très complexe, floral, avec des fruits blancs racés, des épices et une certaine rondeur qui lui laissent des traces de variétal.. La bouche se caractérise par un très bel équilibre avec une belle acidité, pas mal de fruit, sans présence d’alcool. La longueur est très belle, un peu sur l’amertume en finale. On aurait pu souhaiter plus de minéralité (14,2/20)
En conclusion, une dégustation assez inégale, voire décevante en fonction de mes précédentes expériences de ces vins, mais il m’est difficile de reprocher au groupe une forme de sévérité puisque les vins n’étaient pas servis à l’aveugle, tant les cotes attribuées faisaient l’unanimité. Les deux grands gagnants de la soirée sont les Hengst en général et le riesling les Pierrets, ce qui était assez attendu. Mais, en fin de soirée, certains gardaient la nostalgie de ce Pinot Blancs Les lutins que je trouve parfait pour l’apéritif, là, comme il est. Un deuxième avis qui vaut son intérêt et qui se dégageait assez régulièrement est que ces vins sont construits pour la gastronomie (le péché de Jean Meyer) et qu’ils mériteraient tous (sauf l’avant-dernier) leur chance sur un plat exotique.
Monomaniaquement Alsace,
Patrick Böttcher | permalink |
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